mercredi, mai 11, 2005

Le Monde Fantôme


Example Hier soir, j’ai profité d’une soirée en solitaire pour regarder "15 août".

Ce film, à part me permettre d’avoir trois hommes pour moi toute seule, montre au second plan la relation entre un père (enfin beau-père) et sa fille ado. Et là, je me suis revue à cet age.

J’ai moi-même été une ado détestable, et j’ai cumulé tous les clichés : J’étais bien sûr mal dans ma peau, je cachais un physique ingrat sous des vêtements informes, et mon visage sous de grosses lunettes. Je m’habillais en noir et portais des docs aux pieds...

Je me rebellais régulièrement contre mes parents, c’est-à-dire que je m’enfermais dans ma chambre en hurlant "tu ne me comprends pas", en claquant la porte et en écoutant Jeff Buckley à fond pour exprimer mon mal-être…

Je passais des heures au café avec mes camarades de classe, en fumant cloppe sur cloppe pour montrer qu’on était des adultes, mais des adultes qui squattent 3 heures en consommant un café pour dix… Puis je rentrais chez moi et passais des heures au téléphone avec ces mêmes camarades, sous l’étonnement de mes parents, et à la moindre remarque de leur part, je partais m’enfermer dans ma chambre et hurlant…(voir plus haut)

Je vouais une adoration à Rimbaud, qui a 17 ans était un génie, ce qui me permettait de croire qu’à 14 ans je pouvais avoir autant de talent. Je me retrouvais dans les poètes romantiques, au sens littéraire du mot hein, pas cette guimauve dégoulinante, mais l’expression du mal-être absolu qui rend la poursuite de la vie impossible...

J’écoutais de la musique sombre, et expliquais à mon père que vraiment, Led Zeppelin, Iggy Pop et David Bowie, c’est trop bien. J’ai compris quelques années plus tard son air goguenard de l’époque quand un jeune m’a parlé de Nirvana en précisant "c’est un groupe de rock". (je suis remontée dans son estime quand je lui ai dit que oui oui, je connaissais, je les avais même vus en concert).

J’attendais avec impatience mon année de terminale pour débuter la philo, et pouvoir enfin exprimer ces idées fabuleuses qui bouillonnaient en moi.
Las, j’ai ensuite compris que cela ne serait pas possible, lorsque j’ai assisté au lynchage d’une de mes camarades de classe après que la prof nous ait encouragés à exprimer nos remarques. J’ai cependant essayé, lors d’une première dissertation, d’exprimer mes idées personnelles à moi : ma note pitoyable, accompagnée du commentaire "n’a pas compris le sujet" m’en a dissuadée. Je me suis donc résignée, ai construit ma seconde dissert sur l’allégorie de la caverne, et ai eu la moyenne.

J’étais engagée, enfin "contre" : contre la guerre (ça tue les gens), contre la pauvreté (c’est pas juste), contre le chômage (c’est nul), contre le racisme (c’est pas bien), contre le cancer (ça tue les gens), contre la pollution (c’est moche), contre le capitalisme (c’est mal)… J’ai même manifesté, je ne me souviens plus trop pour quoi, ou plutôt "contre" quoi…

Bref, je savais tout, voulais changer le monde, et étais sûre d’y arriver.


Mais malgré tous ces clichés, j’aimais bien cette époque.

Allez, aujourd’hui, en souvenir du bon vieux temps, je m’habille en noir et ressort mes vieilles docs. Et je fuck le system.

Oh, there's the moon asking to stay, long enough for the clouds to fly me away…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est Incroyable, il faut vraiment que tu lise "à propos d'un gamin" parce que dedans, Marcus, le jeune héro, remonte aussi dans l'estime des gens de sa classe lorsqu'il parle de Nirvana.

Nirvana EST un accélérateur social ^^

Bea a dit…

Comme quoi l'adolescence, ça sert pour toute la vie!