vendredi, mai 27, 2005

La fièvre du jeudi soir


Super-heroine doncJe suis une super-héroïne... J’ai sauvé Raymond !!!

Parce qu’on ne le sait pas, mais hier, un drame s’est produit. Les journaux n’en ont pas parlé, par pudeur sans doute, mais c’est vrai. On est passé à coté du drame, du chaos, de l’apocalypse…

Et j’ai réussi à éviter ça. J'attends d'un moment à l'autre l'appel de félicitations du Président.

Voilà l’histoire : hier soir, alors que je quittais le bureau toute guillerette, un nuage glacial m’a soudain enveloppée : Raymond avait disparu.
Là où il était sensé m’attendre, placide, dévoué, un rien admiratif comme chaque jour, se trouvait un trou, que dis-je un gouffre, un précipice.
Et bien sûr, pas âme qui vive aux alentours, susceptible de m’éclairer sur le sort qui avait été réservé à ce pauvre Ray, pas d’indice pouvant m’indiquer comment il avait été enlevé.

Bref, j’ai passé une soirée et une nuit horribles, à imaginer le pire, les tortures et peut-être la mort pour cet ami. J’ai gardé le téléphone tout contre moi, au cas où les vils kidnappeurs m’appelleraient pour avouer leur terrible crime… J’ai consulté mes comptes bancaires, appelé mes parents, mes amis, pour commencer à réunir des fonds en cas de demande de rançon… J’ai prié Dieu, Allah, Yahvé, Bouddha, et suis allée allumer un cierge au Sacré-Cœur… J’ai mis en place un plan de recherches, quadrillant la ville, pour tenter de retrouver un maigre indice… J’ai parcouru le site Internet de Raël, pour savoir si un débarquement d’extra-terrestres avait été annoncé … J’ai envoyé des emails contenant les mots "Ben Laden", "attentat", "sexe", pour attirer l’attention des services secrets américains…

Et aujourd’hui, au petit matin, je suis retournée sur les lieux du crime, et ai interrogé les ouvriers du chantier de construction voisin. J’ai réussi à émouvoir un homme en costume-cravate qui inspectait les travaux, et qui a ordonné que tout soit mis en œuvre pour m’assister dans ma quête. Et après avoir entamé les recherches, soudain, alors que je m’approchais d’un coin sombre à l’ombre d’une palissade, mon cœur s’est éclairé : il était là, toujours aussi beau, toujours aussi gentil, avec un regard reconnaissant et ému, que je n’oublierai jamais. Nous nous sommes jetés dans les bras l’un de l’autre en nous promettant de ne plus jamais nous séparer, pendant qu’une musique romantique démarrait, que la lumière disparaissait, et que les mots "The End" s’affichaient…


Bon, en vrai, Raymond est mon vélo, des ouvriers avaient creusé des tranchées à l’emplacement du parking deux-roues où il était garé, et l’avaient mis à l’abri. Quant à moi, je suis liquéfiée à cause de la chaleur, et couverte de poussière grâce à cette visite de chantier impromptue, ce qui a réduit à néant toute possibilité de séduction d’un être vivant.

Mais dit comme ça, c’est tout de suite moins romanesque.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aurais fais pareil si mon vélo avait disparu :-O