lundi, septembre 19, 2005

Comme un avion sans aile


Argh Ca y est, je fais partie des humains, j’ai eu peur en avion.

Parce que jusqu’à présent, c’est vrai, je frimais assez : pour des raisons bassement familiales, j’ai pris l’avion assez jeune, et n’avais jamais eu peur.

Et même, quand on me demandait: "mais à force de travailler sur des crashes d’avion, tu n’as jamais peur quand tu le prends (l’avion)?", je répondais, un peu fiérotte, que l’avion est le moyen de transport le plus sûr, et que justement, à force d’étudier des cas d’incidents et d’accidents, je savais très bien quels bruits et quels évènements étaient critiques ou pas.

Mais ce temps est révolu, et ce depuis ce jour funeste du 15 septembre 2005.

La journée se présentait bien pourtant, je devais aller à Pise en passant par Florence, j’avais organisé mon voyage pour ne pas devoir me lever à l’aube, et accessoirement pouvoir visiter Florence, certes accompagnée d’un chimiste horripilant et rustre, mais tout de même.

C’est dès mon arrivée à Roissy que la machine à destruction de la bonne humeur de Béa s’est mise en marche, quand la (charmante) hôtesse au sol m’annonça, à moi et au rustre qui m’accompagnait, que nous ne pourrions pas prendre ce vol en raison de surbooking....
Je ne m’appesantirai pas sur cet épisode, dont la partie la plus difficile était de supporter le rustre, qui ne trouvait rien de mieux à faire que d’incendier l’hôtesse en rappelant avec une fréquence de douze secondes le prix du billet... que j’avais payé...

Je suis finalement montée dans le bon avion, après avoir chaleureusement remercié le responsable de la compagnie qui 1) m’avais trouvé une place et 2) une place bien éloignée de celle du rustre.

Je me suis confortablement installée, et ai commencé à discuter avec un couple d’américains de trucs follichons comme Katrina, tout ça... quand au bout d’une heure, le Commandant nous a annoncé que notre avion ne pourrait pas décoller, car il n’avait pas obtenu l’autorisation de décoller pour des raisons de sécurité. Là, j’étais toujours détendue, et expliquais à mes voisins US la situation en ajoutant que, ah ah, tout ça c’est surtout parce qu’il y a eu une psychose des accidents d’avion entretenue par le JT de TF1.

On sest donc installés dans un nouvel avion, je me suis retrouvée à la queue de l’appareil, ai appellé Choupinet pour chougner un peu sur mes malheurs de la journée, et c’est à cet instant précis que la pieuvre de l’angoisse a commencé à m’envahir, insidieusement, petit à petit :

Etape 1 : "Hum, ça fait quand même beaucoup d’évènements pour m’empêcher de partir à Florence tout ça, et si c’était un signe du destin pour m’éviter de prendre CE vol???"

Etape 2 : "Parce que là, on nous a mis dans le même avion que tout à l’heure, donc si ça se trouve, celui là n’est pas sûr non plus... D’ailleurs, elle m’a l’air un peu râpée cette aile... Et ce bruit, c’est quoi? On fait le plein de kérosène? Mouais, passons pour cette fois..."

Etape 3 : "Je ne sens pas le gilet de sauvetage sous mon siège. En même temps, pour ce que ça sert... Répétons quand même la position d’atterrissage d’urgence. Quoi Mademoiselle? Je dois rester tranquille??? Elle est marrante elle, elle en a un, de gilet de sauvetage. Peut-être que c’est ELLE qui a volé le mien..."

Etape 4 : "Je suis donc placée à la queue de l’avion, donc selon les plans des avions accidentés ces dernières années ET où il y a eu des survivants, j’ai X% de chances de m’en sortir en cas de crash. L’avantage, c’est que le rustre n’a qu’une faible probabilité de s’en sortir, gnark gnark..."

Etape 5 : "Si ça se trouve, c’était ma dernière conversation avec Choupinet... Elle était pourrie cette conversation... Je dois le rappeler avec une belle déclaration qui lui arrachera des sanglots dès qu’il y repensera. Bon alors, une belle déclaration..."

Etape 6 : "Je n’ai même pas fait de testament, qui veillera à ce que Sushi et Sashimi fassent de bonnes études? Je vais aller dans le cockpit, pour que mes dernières volontés soient enregistrées sur la boite noire. Mademoiselle, laissez-moi passer... Comment ça, l’accès m’est interdit? Très bien, vous aurez l’échec scolaire de Sushi et Sashimi sur la conscience. Enfin, si vous survivez..."

Etape 7 : "On approche de Florence, donc si on perd un réacteur, c’est encore bon, mais si on perd les deux, on peut encore tenir X temps jusqu’à la piste d’atterrissage. A moins qu’on tombe là, que j’arrive à m’éjecter et à tomber dans la piscine que je vois là, enfin à une hauteur raisonnable quand même... C’est pas par là qu’habite George Clooney ? Ce serait bien que je tombe justement dans sa piscine. Enfin si ça se trouve, il est même pas là. Ou pire, il est là, et je suis défigurée. Je ne veux pas manquer ma rencontre avec George moi..."

Etape 8 : "J’ai faim."


Donc voilà, moi aussi, en bonne ménagère de moins de 50 ans, j’ai eu peur de vivre ce que j’avais vu au journal télé. Moi aussi, j’ai eu ma perception du monde déformée par la boite à images... et ça fait peur.
J’espère toutefois que jamais, jamais je n’en viendrais à me plaindre de l’insécurité (que je ne vis pas), des étrangers (qui ne m’ont rien fait), ou des chômeurs qui vraiment ne veulent pas travailler (je l’ai vu au journal de 13h)...

Bon, pour la petite histoire, j’ai dormi tout le long du vol retour.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Worry is a misuse of imagination... meiux vaut réver ( même en dormant) que s'inquiéter... sage décision!!!

Anonyme a dit…

Worry is a misuse of imagination... meiux vaut réver ( même en dormant) que s'inquiéter... sage décision!!!

Anonyme a dit…

Worry is a misuse of imagination... mieux vaut réver ( même en dormant) que s'inquiéter... sage décision en tout cas!!!

ingrid a dit…

Dis donc, tu es actuaire ? :D
(Zydeco : c'est bien dit, comme toujours ! Je reprendrai bien cette phrase à mon compte, tiens !)

Bea a dit…

Foise : oui, enfin je suis quand même de mauvaise foi, je ne reçois même pas TF1...

Zydeco : J'aime beaucoup cette formule... pleine de sagesse comme toujours!!!

Ingrid : Hé hé, non, je ne suis pas actuaire! Je ne sais même pas comment ils arrivent à sortir de chez eux...

Bea a dit…

Madel : on peut y songer, tu remplaces le tube de dentifrice vide???