jeudi, mai 15, 2008
Etre une femme
Quand j'étais étudiante et vivait chez mes parents ma vie était simple malgré mes nombreuses activités extrascolaires.
Sitôt entrée dans la vie active, je me suis vite rendue compte que le temps m'était compté.
Le but est en effet de parvenir à caser dans un planning de 24h00 les obligations professionnelles, les questions d'intendance personnelle, l'amoureux, les amis et réussir malgré tout à se garder du temps pour soi, selon le dogme érigé par les magazines féminins.
Je me suis ainsi souvent retrouvée à chuchoter un "je t'aime" à Choupinet sur le téléphone fixe, tout en me préparant pour une réunion avec un client et tentant de joindre le plombier de mon téléphone portable.
Les premières années se sont bien passées, Shiva est devenue mon modèle, mais j'ai réalisé au fil des années combien cela devenait difficile : le travail m'a pris de plus en plus de temps et je me suis retrouvée malgré moi à ne plus voir régulièrement que les amis proches, à n'être plus capable de prévoir de sortie en semaine, le vendredi soir étant irrémédiablement considéré comme "soirée morte" pour cause d'épuisement, à acheter mes vêtements sur internet etc.
Malgré cela, je n'ai jamais pensé devoir avoir un jour à choisir entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle, soit entre avoir une carrière et une vie de famille. Il faut dire que j'avais autour de moi plusieurs exemples que certes c'était difficile et demandait une excellente organisation, mais que c'était possible.
Encore faut-il qu'on ait le choix.
C'est parfois insidieux, comme cette amie dont les collègues faisaient un bilan informel et impromptu de la journée chaque soir après 19h00, quand elle devait récupérer son enfant à la crèche, et prenaient souvent des décisions stratégiques à cette occasion.
C'est souvent plus direct, comme cette collègue qui ayant appris sa grossesse surprise quelques mois avant son détachement à l'étranger, en informe par courtoisie son patron tout en l'assurant que cela ne change rien pour elle, qu'elle est tout autant motivée et prête à accoucher à l'étranger, pour se voir répondre que "pour son bien", il est préférable que son enfant naisse en France et que son détachement soit repoussé à plus tard.
Et c'est en tous les cas extrêmement triste, comme cette autre collègue qui renonce à avoir un autre enfant, n'ayant pas le temps de voir grandir le premier.
Et quoi qu'on dise, quelle que soit l'évolution de la société, cela n'est pas prêt de changer du moins dans le milieu dans lequel j'évolue. Preuve en est cette remarque ironique de mon patron sur mon prochain mariage alors que je déclinais son invitation à participer à une manifestation extra-professionnelle un dimanche après-midi prétextant il est vrai une obligation familiale.
Je n'ai jamais été particulièrement féministe ou revendicatrice, j'ai toujours su que quoi qu'il arrive, si je voulais réussir dans ma profession, je ne pourrais prétendre à des horaires normales et que je devrais être particulièrement souple et organisée.
Je suis prête à travailler deux fois plus s'il le faut pour prouver ma motivation et arriver à mener de front, certes avec des sacrifices, ma vie professionnelle et une vie de famille.
Mais par pitié, qu'on me laisse le choix.
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