Ca surprend généralement, parce qu’en temps que personne de type cynique, je devrais ricaner d’un ton méprisant à la vue de cette guimauverie, mais non.
Bon, évidemment, j’aime recevoir des cadeaux mais pas tant que ça en fait, je préfère en recevoir pour mon anniversaire (comme ça je suis la seule à en avoir et les autres se contentent de pleurer, gnark gnark).
Mais surtout, j’aime le temps, froid et sec.
Et s’il pleut, j’aime bien m’envelopper dans un plaid avec une tasse de thé et des Petits Exquis (on m’a demandé d’abandonner les Oréos, il parait que je provoquait une pénurie mondiale...) et regarder la pluie tomber par la fenêtre.
J’aime l’idée de l’esprit de Noël : penser à faire plaisir à ses proches, penser à ceux qui n’ont rien, être gentille avec tout le monde, sourire aux gens dans le métro, accorder des augmentations à ses fidèles employés (hum hum, Grand Patron si tu me lis...). Même si, bien sûr, on devrait y penser toute l’année (je parle de l'augmentation là).
J’aime les lumières de fête qui égayent les villes, qui font même oublier les enseignes de magasins parfois plus brillantes qu’elles.
J’aime les vitrines décorées des grands magasins, et les admirer bouche bée (ok, piétiner des jeunes enfants pour mieux les voir n’est peut-être pas très esprit de Noël, mais la vie est une jungle, autant l’apprendre tôt)
J’aime l’idée d’occuper les 3/4 de mon misérable salon avec un sapin qui perd ses épines, juste pour sentir son odeur en entrant.
J’aime décorer le ficus de mon bureau avec une guirlande dorée, distribuer des truffes faites maison à mes collègues et faire la bise à Grand Patron en se souhaitant de bonnes fêtes.
J’aime guincher avec mes collègues anglais, et même Petit Patron, pendant la Christmas Party.
J’aime porter un bonnet rouge ridicule sur la tête, et chanter des chants de Noël avec ma voix de casserole.
Mais là, cette année, ça ne prend pas.
Oh, je sais, vous allez dire que je vieillis tout ça, et que je retrouverais l’esprit de Noël quand j’aurai des enfants.
Déjà, ce n’est pas très gentil, et je ne vieillis pas, je mûris.
Ensuite, je crois que ça ne vient pas de moi, mais plutôt:
- de Petit Patron, qui ne comprend pas qu’en me noyant de boulot, de demandes différentes et souvent contradictoires, en ne me prévenant pas des rendez-vous et des changements de directives, je ne peux pas être efficace.
Du coup, je passe mes journées à imaginer des tortures diverses et variées, ce qui n’est pas du tout dans l’esprit de Noël;
- de l'appart, qui ressemble à une baraque de chantier, que n'atteint pas la lumière du jour et dont la température est proche du zéro Kelvin.
Du coup, ma seule source de lumière et chaleur est mon bureau ce qui, pour les raisons précédemment évoquées, ne contribue pas à développer l’esprit de Noël;
- de la famille, sachant qu’à chaque Noël, les enfants, soi-disant êtres purs et pourvoyeurs de la magie de Noël, nous harcèlent pour ouvrir leurs cadeaux le 24 à 18h, afin de pouvoir jouer à la X-box qu’ils sont allés acheter avec leurs parents (ou plutôt leurs Visa).
A chaque Noël également, je dois me diviser en 10, en raison de divisions familiales ayant leurs sources dans des choses aussi graves que la peinture de la maison familiale.
Et on a beau dire, quand Noël consiste à participer à une réunion du Conseil de sécurité période pré-guerre du golfe 2, c’est pas super facile de chanter "vive le vent" dans le ton;
- du manque de temps : pour dormir, pour manger correctement, pour travailler convenablement, pour voir les gens que j’aime, et pour moi.
Bon, je vais faire de mon mieux pour sauver les apparences; je vais arrêter de chougner et de ronchonner, et vais affronter la foule pour trouver des cadeaux qui feront plaisir, chanter "il est né le divin enfant", et surtout porter mon bonnet rouge à la première occasion.
Mais sachez, vous là-haut, que vous avez cassé Noël.